Apnées du sommeil
Orthèses d’avancée mandibulaire : une solution pour de nombreux patients
Quotidien du Médecin n° 9226 du jeudi 14 mars 2013, p. 8
Le traitement de référence de l’apnée du sommeil sévère est la ventilation à pression positive. Cet appareillage permet le plus souvent un résultat satisfaisant sur le nombre d’apnées résiduelles. L’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) est aussi une solution possible et suffisante pour un grand nombre de patients ou peut aussi être utilisée comme alternative pour des patients refusant la ventilation à pression positive initialement ou secondairement.
Depuis, 2007 l’HAS reconnaît l’efficacité des OAM sur les apnées ; ces dernières sont aujourd’hui remboursées par la sécurité sociale en cas d’apnées du sommeil modérées avec somnolence diurne et en cas de refus de la ventilation dans le SAS sévère.
L’orthèse est un dispositif médical simple : il est composé de deux gouttières qui prennent ancrage sur chacune des arcades dentaires et sont reliées entre elles par de petites biellettes permettant une propulsion de la mandibule en avant et une libération de l’espace basi rétro lingual.
L’orthèse sur mesure utilise la technologie d’optimisation de la retenue mandibulaire ; elle maintient la mandibule en position avancée ce qui empêche la langue de reculer et provoque un élargissement des voies aériennes supérieures au niveau du pharynx.
Bénéfices
- Le risque d’obstruction partielle ou totale du pharynx diminue, réduisant le nombre d’apnées et d’hypopnées, sources des micro-éveils.
- La vitesse de l’air inspiré diminue, réduisant les vibrations des parties souples, génératrices des ronflements.
La réalisation des orthèses se fait en ville au cabinet médical par l’ORL, par le dentiste ou dans certains services hospitaliers. Une demande d’entente préalable argumentée doit être adressée à la sécurité sociale pour obtenir le remboursement. Plusieurs laboratoires sont maintenant accrédités (Narval-Resmed, Tali, Orthosom).
L’efficacité des OAM est de 50 % sur les apnées et de 85 % sur le ronflement ce qui explique qu’elles sont le traitement de choix de l’apnée modérée c’est-à-dire un index d’apnée/hypopnée (IAH) compris entre 10 et 30.
Contre-indications
Sur le plan bucco-dentaire, les limites de réalisation des OAM sont essentiellement liées à l’absence d’un ancrage efficace pour les gouttières : édentements non compensés, insuffisance du nombre de dents présentes sur l’arcade, parodontites sévères non stabilisées ou ayant entraîné des pertes d’ancrage trop importantes.
Les pathologies des articulations temporo- mandibulaires demandent à être évaluées et traitées si nécessaire. De même, une mauvaise hygiène bucco-dentaire et ses conséquences ( caries, inflammation gingivale) peut représenter dans les cas sévères une contre-indication temporaire.
Suivi des patients
Le patient sous AOM doit être suivi régulièrement ; une consultation dentaire est nécessaire tous les 6 mois afin de vérifier l’absence d’effets secondaires sur les dents ou la mâchoire.
Un contrôle polygraphique avec l’OAM chez le spécialiste du sommeil doit être fait tous les ans. En effet, si l’indice d‘apnée augmente avec le temps il est possible que l’appareil, efficace au début du traitement, le soit moins par la suite, imposant des modifications ou un changement de prise en charge.
En conclusion
L’ OAM a toute sa place dans le traitement du SAS. Les deux modes de traitement, OAM et ventilation à pression positive continue, utilisés en alternance, ne sont pas incompatibles. Certains patients très actifs utilisent l’OAM dans leurs déplacements et la ventilation lorsqu’ils dorment à leur domicile.
Dr GILLES BESNAINOU, ORL , Hôpital Lariboisière